J:
A vraiment?! Déjà?! Ah Ah, les gens sont fous, peut-être
qu'au moment de la sortie de l'album ces morceaux seront
complètement différents.
Vous
avez également joué ou en Europe?
J:
On a fait une grosse tournée des festivals avec le package
Soundgarden, White Zombie, Mahogany Chaos, Sponge, Pennywise
et Blind Melon...
Ou
les retours pour White Zombie sont les meilleurs, en
Europe ou aux Etats Unis?
J:
En Amérique, bien sur. C'est bien plus gros, on y est
plus populaires que n'importe ailleurs. Je veux dire
qu'on a été jouer en Australie pour quelques concerts,
et les jeunes étaient les mêmes que ceux en Amérique.
Pour l'Europe ça dépend, chaque pays est différent.
Les festivals sont supers, avec des milliers de spectateurs,
c'était cool et tout, mais on a jamais joué en tête
d'affiche pour une tournée ici. On le fera peut-être
plus tard, mais je ne saurais dire quand.
Vous
aimez les petites ou les grandes salles?
J:
J'aime jouer dans les deux. L'idée d'une grande salle
est d'avoir autant de gens que possible, et de donner
l'impression d'être dans un club. Ca dépend aussi de
la musique que tu joues.
HEAVEN
PHANTASMO SUPERCHARGERS
Comment
décrirais-tu votre musique? Vos anciens morceaux seraient
plutôt qualifiables de "heavy metal extrême",
et pour les nouveaux?
J:
Les anciens morceaux? C'était asez psychotique et grungy.
Pour les morceaux vraiment vieux, je ne sais pas...
Et je ne sais vraiment pas comment classer ce qu'on
fait maintenant. Les gens disent des choses comme "Death
metal funky" et des trucs comme ça (Rires), c'est
vraiment le but de créer le groupe que tu aimerais voir.
On a toujours été d'accord là dessus avec les autres
membres du groupe: Et si on faisait un gros show à la
Kiss, Iron Maiden ou Alice cooper, avec plein d'explosions,
ce qui est gros et stupide, mais en essayant de le rendre
plus intelligent, comme Sonic Youth... Et puis si on
avait l’énergie des Bad Brains ou de Black Flag? Et
si on ajoutait des samples hip hop? Le but est d'essayer
de créer ce qu'on voudrait vraiment voir.
Vous
n'avez jamais eu de clavieriste/ sampler permanent dans
le groupe, mais depuis les 4 dernières années vous utilisez
des samples. Ca n'est pas un peu étrange?
J:
Et bien, oui, sur le disque il y avait Charlie de Nine
Inch Nails. En concerts notre ingénieur du son Charlie
s'occupe des samples. Mais c'est toujours cool quand
le groupe n'est composé que de 4 personnes.
Je
suis d'accord, en 1995 White Zombie semble être un groupe
bien en place.
J:
On vient à coup sur de la période "Do it yourself"
des années 80s. Je pense qu'on tire une grosse influence
de la façon dont les groupes faisaient dans les années
80. Tu jouais de la musique car c'était une chose cool
à faire, et que tu aimerais ça, sans penser que tu te
ferais beaucoup d'argent, et tu aurais même pu bien
avoir la dalle... Maintenant c'est différent, tu peux
créer un groupe, et te retrouver sur MTV en six mois,
et vendre des millions d'exemplaires. L' attitude "Do
it yourself" n'existe plus. Les gens ont des motivations
bien plus vénales. Certains nous disent qu'on est fous
de remettre autant d'argent dans l'aspect visuel/ spectacle
des concerts, afin d'en faire un gros show, mais je
pense que c'est important car c'est ce que les gens
veulent voir. Ils aiment les gros shows.
Tu
penses que vos concerts ressembleront à quoi en 1997?
Tu peux faire des prédictions?
J:
On ne prévoit jamais les choses à ce point. En ce moment
on est en concerts, et quand on aura terminé on retournera
chez nous pour commencer à bosser sur le nouvel album,
puis alors sur le côté "show" des concerts.
Ca s'est passé comme celà pour "Astro creep 2000"
également. On est pas à l'aise pour composer en tournée.
On a quand même pu faire quelques trucs en tournée,
comme la reprise de Black Sabbath "Children of
the Grave" pour l'album tribute, et également 'Fear
of the Gods" pour la B.O.F de Airheads, mais c'est
vraiment difficile pour nous d'écrire durant les tournées.
On aime plutôt composer comme un groupe: Nous retrouver
dans une pièce, mettre tous les amplis très forts et
jouer. On ne peut pas faire ça sur la route ou dans
une chambre d’hôtel.
***
BLUR THE TECHNICOLOR ***
Peux
tu nous donner des raisons pour le fait que le calendrier
du groupe soit si chargé?
J:
(Relfexion)... Euh... Prends cette année par exemple,
on a sorti un album qui est devenu multi-platine. Quand
j'étais gamin, les premiers disques que j'ai achetés
furent ceux des Ramones et des Cramps. On a eu la chance
de jouer avec chacun des deux cette année, des groupes
qui m'ont fait acheter une guitare. Ce soir on joue
au Rosemont Horizon, c'est l'endroit ou j'ai vu mon
tout premier concert quand j'avais onze ans. Je n'ai
vraiment pas envie de ralentir actuellement, car tout
ce qui se passe est vraiment bon.
Pour
toi la musique est-elle un échappatoire?
J:
Oui, c'est le cas. Quand je ne suis pas en tournée et
que je bosse avec le groupe sur des nouveaux morceaux,
je rentre chez moi et me relaxe en jouant de la guitare
pour trois ou quatre heures. Je regrette de ne pas avoir
commencé à jouer de la guitare quand j'avais cinq ou
six ans, je serais un bien meilleur guitariste maintenant!
Vous
n'êtes pas fatigués par ce calendrier de tournées et
d'enregistrements très chargé?
J:
Ce n'est pas dur pour moi de vivre dans des beaux hôtels
et de voyager dans des bus luxueux ou de voler en avion.
Ce n'était pas dur pour moi même quand on avait la dalle
et qu'on dormait un peu chez n'importe qui après les
concerts. D'un autre côté, je sais que c'est un peu
cliché, mais nos fans sont vraiment cools et les concerts
font que ça vaut presque toujours le coup de se casser
le cul. Quand je joue un morceau que j'ai déjà fait
500 fois, si l'audience est dedans, c'est super. Cette
fois on a également un gros break entre les deux tournées,
ce qui rend les choses encore plus faciles. Tu vois,
la première fois ou l'on a joué en Europe, c'était en
1989, on vivait dans des squats ou dans notre tour-bus.
Notre label nous donnait trois dollars par jour pour
subsister, trois putains de dollars pour acheter de
la bouffe chaque jour! Maintenant c'est bien mieux,
ce n'est pas stressant, ou ça l'est autant qu'un travail
classique. Je ne me plains pas.
Es-tu
impliqué dans la partie business de White Zombie?
J:
On l'est tous à des degrés différents depuis l'époque
ou on était un groupe indépendant underground. On faisait
nos propres t-shirts, organisions des concerts et tout
le reste; Maintenant Rob s'occupe de tous les visuels
de Tshirts et dirige les vidéos. On avait beaucoup de
choses à faire!
Quelle
différence ferais-tu entre l'époque de "La sexorcisto"
et celle d'Astro creep?
J:
Oh, c'était très diffèrent. On avait enregistré "La
sexorcisto" quand on était à New York, on était
très justes niveau tunes. On bossait chaque jour, un
travail classique, et on a été en studio pour enregistrer
l'album presque en live. Mais pour le dernier, on avait
joué avec tous ces groupes de heavy intenses, et on
vivait à Los Angeles, ce qui était très différent.
CREATURE
OF THE WHEEL '95
Quel
genre d'influence l'année 1995 a eu sur toi?
J:
Hmmm...Je trouve que sur le nouvel album j'ai eu un
jeu moins métal et un peu plus ouvert. La musique est
plus sèche, plus énergique, mais je pense que ça vient
plus du fait d'avoir joué dix ans ensemble. C'est aussi
plus groovy. La plus grosse influence est peut-être
la technologie. On avait beaucoup plus de possibilités
en bossant dans un studio sympa. On a aussi eu cette
nouvelle possibilité en bossant avec Charlie, ou on
peut en faire beaucoup plus avec les samples, les boucles
et les percussions. Tout a commencé avec les samples
sur "La sexorcisto", mais ça s'est bien amplifié
avec le dernier album, tu sais, comme avoir un sample
à la place d'un solo de guitare.
Si
je compare Astrocreep avec vos efforts studio précédents,
il a définitivement un côté plus riche et plus agressif.
Sans aucun doute c'est un gros pas en avant, mais je
dois souligner le point que la production est également
bien meilleure!
J:
Ce fut un album difficile à réaliser. C'était un enregistrement
de 72 pistes, 48 analogues et 24 digitales, ce fut dur!
Mais
ou avez-vous utilisé toutes ces pistes?!
J:
(Sourires) Tu as quelque chose comme cinq pistes de
vocaux, puis huit de guitares, et alors une douzaine
de parties batteries, et puis tu dois garder des pistes
pour les samples que tu ajoutes et enlèves. On avait
deux studios, un pour bosser les parties guitares, l'autres
pour les samples, donc les cassettes faisaient tout
le temps des aller-retours. Ca a pris presque six semaines
pour terminer l'enregistrement et la production de l'album.
C'était cool d'avoir plus de temps à passer en studio,
avec le premier disque pour Geffen on devait compléter
l'album aussi rapidement que possible et sortir du studio
pour aller en tournée... Cette fois on avait un budget
beaucoup plus gros et plus de liberté niveau durée.
Le
prochain sujet sera vos textes. Quelle importance donnes-tu
à ceux ci? (Rob Zombie en fait la plus grosse partie)
J:
Je n'aime pas les textes qui t'imposent des idées. Ceux
de Rob sont plus comme le fait de lire un livre de William
Borroughs, leur but est de te faire réfléchir, et ils
sont également très abstraits. Comme guitariste, les
textes sont très importants car ils contrôlent et dirigent
la structure globale du morceau.
Il
semble aussi y avoir beaucoup d'imaginaire à ce niveau.
J:
Ouai, on est tous fans des films de série B, de comics
et de science fiction, c'est vrai et ce n'est pas juste
une rumeur! Par exemple, Bladerunner est un de mes films
favoris.
Quel
sens prendra la scène musicale des années 90 à ton avis?
Que prédis-tu?
J:
Je crois qu'il y aura un gros changement, tôt ou tard.
Les gens commencent à en avoir marre de tous ces groupes
alternatifs, ils se ressemblent tous niveau musique
et visuel. Les media sont également devenus une partie
de la grosse machine.
//
BLOOD, MILK AND SKY //
Crois-tu
que les medias ont un effet négatif ou positif sur la
musique de nos jours?
J:
Les deux, et c'est amusant. Regardes comme l’Amérique
est grosse. Les médias ont un effet positif car un gamin
qui vit dans le sud de l'Illinois peut regarder la TV
et se sentir aussi cool qu'un autre vivant à New York.
C'est une bonne chose, ils amènent la musique partout.
Prends notre cas par exemple, on a joué dans ces endroits
fous ou on aurait jamais pensé aller un jour. On a joué
dans le Dakota du nord et le concert était annoncé à
la TV! C'était le premier gros concert rock à cet endroit
depuis que Metallica avaient joué pour "...And
Justice for All" en 1988. D'un autre côté, certains
médias encouragent la fadeur et retirent le côté fun
de la musique. Ils retirent de la spontanéité des concerts,
les gens ne savent pas comment réagir à certains endroits,
ils pensent qu'ils sont en train de regarder la TV.
Certains médias pourraient également faire plus dans
l'éducation musicale, et plus promouvoir la musique... Pour
revenir à ta question initiale, je pense que les choses
vont virer dans une autre direction vraiment rapidement,
car tous les gens auxquels je parle en ont vraiment
marre de tout ce truc. Tout le monde!
Est-ce
que tu pourrais développer ce point?
J:
Tu vois, je pense à ces groupes alternatifs farfelus
qui débarquent avec un morceau un peu rigolo, et ils
ont du succès pour un très bref moment, puis un autre
arrive juste après et prend leur place, puis encore
un autre, et ça continue sans arrêt. Les gens en ont
marre de ce truc. De toutes façons, c'est ce que je
pense, et le temps prouvera qui a raison ou qui a tort.
Tu
as dit que les gens allaient se lasser de la musique
alternative un jour ou l'autre. Qu'est-ce qui pourrait
être la prochaine grosse étape pour la musique à ton
avis?
J:
C'est juste un pressentiment, et j'ai souvent raison.
A la fin des années 80 j'avais ce sentiment que la musique
underground/ alternative allait finalement exploser
pour devenir très grosse. J'ai toujours eu le sentiment
que dans la musique que j'écoutais en étant gamin (Des
choses comme les Ramones par exemple) même s'il y avait
une saturation sur les guitares, c'était de la pop...
Je me demandais pourquoi ça n'était pas aussi populaire
que Duran Duran car je connaissais des gens qui auraient
aimé. Maintenant c'est Green Day, donc mon rêve est
en quelques sortes devenu réalité. Je pense que le métal
reviendra en quelques sortes, mais je ne pense pas que
ça sera exactement la même chose.
Tu
penses vraiment? Le métal est toujours populaire en
Europe, pas autant qu'à une époque mais quand même assez...
J:
Je pense que la nature du métal est qu'à chaque fois
un groupe le mènera à des nouveaux extrêmes. Comme il
y a eu Motorhead, puis Metallica, et alors Venom, Slayer,
Napalm Death, Deicide... Cannibal Corpse, Impaled Nazarene,
Mayhem, le plus bruyant, tu ne pouvais pas être plus
puissant. C'est pour ça que le métal éclate en toutes
ces choses, certains groupes deviennent plus punk, d'autres
se mettent à l'industriel. Quand le style reviendra,
ça ne sera pas une nouvelle fois une opposition entre
le glam et le thrash, ça sera quelque chose de nouveau
et béton mais ça sera toujours puissant.
La
scène alternative actuelle est en quelques sortes venue
du métal, tu ne penses pas?
J:
Je pense que tout influe sur le reste, et vis versa.
Les musiciens écoutent rarement exclusivement ce qu'ils
produisent. Le Hip hop fut une grosse influence sur
nous car il nous a appris beaucoup de choses. Quand
Public Enemy ont débarqué, ce fut vraiment puissant,
épais, du terrorisme sonore, du bruit sur lequel tu
pouvais danser. Il y avait aussi un message. Ils avaient
inventé un tout nouveau style de musique et c'est quelque
chose qui m'a beaucoup influencé.
Public
Enemy... Ces gars ont eu un gros impact sur tellement
de choses! J'entends toujours des musiciens qui en parlent
comme influence...
J:
A cette époque le Hip hop était bien plus passionnant
que ce qui se passait dans le rock. C'était une sorte
de punk rock noir, vraiment immédiat, honnête et aventureux.
Pourquoi
penses-tu que la musique heavy soit toujours si populaire?
J:
Car la musique heavy est vraiment énergétique, une grosse
partie est vraiment violente, je pense que c'est un
exutoire aux mauvaises énergies que le gens ont naturellement.
Ecouter un disque de Slayer te donnes l'impression de
conduire très vite, de sauter en parachute, c'est juste
un feeling diffèrent. Ton adrénaline monte d'un coup!
(Appel
téléphonique. J va répondre alors qu'on discute de la
médiocrité commerciale du dernier album de Megadeth)
"Salut...
Maintenant?... Qui doit jouer maintenant? Ils ne peuvent
pas atterrir??!!!" Et il se tourne vers moi: "Soul
Asylum doivent jouer et ils ne peuvent pas atterrir!"
De retours vers la personne au téléphone "...
Vache sacrée! Okkk... Qui joue maintenant? Silverchair
à 6:40, Porno for Pyros à 7:40, Alanis Morissette à
8:30, Oasis à 9:30, White Zombie à 10:30 et ... C'est
tout? Donc à quelle heure on doit partir?
Pour
moi le moment était déjà venu de le remercier pour ses
réponses, de marcher à l’extérieur dans dix centimètres
de neige, et de repartir en voiture.
|