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Page du groupe: 

 

Laibach

 

 

 

Projets liés: 

 

Peter

 

 

 

Mots clés:

 

Dark electro - Industriel

 

LAIBACH
"Nova akropola" CD'86.
CHEERY RED Recs.

Les enregistrements ayant vu le jour dans les premières années de la musique industrielle ne sont pas évidents à approcher quand on ne les a pas connus à l'époque.
La production et les samples ont vieilli, alors que les musiques actuelles sont sujettes à des mois de bidouillages ultra modernes en studio.
Le style était alors à ses débuts, les compositeurs passaient du temps à expérimenter, et l’efficacité n'était pas une chose forcément très claire, il y avait énormément de choses à explorer.
Quoiqu'il en soit, l'approche de ce troisième album de LAIBACH n'est pas si ardue, plusieurs schémas et bribes d'idées restant assez proche de choses très utilisées actuellement, il suffit de se préparer à une musique froide, assez répétitive et de faire abstraction de la qualité des samples, de la production générale sonnant assez plate, pour chercher à comprendre la disposition des rythmes et samples, entendre l’âme des sons, sans se laisser berner par une "croûte sonore" et nos petits conditionnements musicaux.
A cette époque, LAIBACH pratiquait un mélange principalement basé sur la musique électronique froide, avec de nombreux sons plus ou moins militaristes, copulant parfois avec différents styles et ambiances assez inattendus. Avec le recul, et vu nos critères "modernes", on n'a pas tellement l'impression d'industriel bruitiste, cela manquerait de chaos, de rythmes mécaniques pour nos oreilles habituées au cybernétique, mais l'esprit industriel des débuts est bien là.

N'étant pas très intéressé par les revendications et provocations politiques du groupe, et n'ayant pas suivi toute leur évolution, je vais faire un bref résumé de mes impressions sur chaque titre, afin d'éveiller l’intérêt chez de potentiels intéressés.

L'album commence avec le morceau "Vier personen", qui est répétitif, à base d'un rythme froid et lent, avec un sample de piano assez menaçant qui inquiété un peu... Mais ça n'est pas assez développé, c'est peu intéressant finalement.

Le deuxième titre "Nova akropola", beaucoup plus industriel dans l'esprit, propose un rythme bien lourd et militariste donnant une impression de lente marche post-apocalyptique, sur laquelle viennent un chant parlé presque halluciné (Ou incantatoire) et des sons d'instruments à vent assez inquiétants.

Le 3ème titre "Krvava Gruda - Plodna Zemlja" reprend le côté militariste. L'ensemble est assez dépouillé, basé sur des samples de cris et des vocaux parlés inquiétants. Ca semble assez désuet, du fait du côté dépouillé, mais les samples deviennent assez prenant une fois remis dans le contexte. Ces mecs devaient bien péter les plombs avec leurs séquenceurs!

"Vojna poema" est un morceau assez étrange, principalement une sorte de vieux titre mélancolique au piano, avec du chant et quelques rares samples... Le disque pourrait même craquer... On se croirait il y a au moins 50 ans, en plein hiver glacial et neigeux, dans la profonde misère d'une Russie dévastée.

L'interlude, ou outro "Ti, ki, izzivas" propose 1 minute et 20 secondes de cordes et de vents assez inquiétants (Assez proches de certains films d'Hitchcock) enchaînants sur un rythme typiquement indus militaire. Dommage qu'il n'ait pas été plus long!

"Die liebe", à base de rythme plus électronique ferait presque office de "hit" avec ses samples d'instruments à vent battis en une sorte de riff de guitare (On dirait presque du métal indus! lol). Les vocaux criés sont assez intenses. Il y a quelques passages plus symphoniques. Certainement un des morceaux les plus accessibles de l'album, car le plus calibré "Pop rock".

Le morceau suivant, "Dr zava" ne m'a jamais parlé plus que ça, quoique ça reste correct pour l'époque. Il contient de nombreux samples de violons qui sautent (Comme un CD rayé) sur fond de rythme typique indus/ electro.

Place au plus lent et inquiétant "Vade retro". Plus froid, tel un coeur mort battant lentement d'un son asphyxié, avec des vocaux aspirés typiques d'un esprit revenant vous pourrir la vie. Il y a quelques passages plus extrêmes, avec des accoups plutôt bruitistes. Des vocaux qui disjonctent pourraient faire penser à SKINNY PUPPY.
Le morceau est parfois un peu aléatoire, mais ça marche. Peut-être un des titres les plus durs du CD.

La 9ème morceau "Panorama" reprend sur un beat plus rythmé, militariste, avec des bons violons motivant les troupes pour un dur combat.
On ne serait pas loin d'une sorte de version militariste et symphonique de l'EBM... Mais l'Electronic body music n'existait pas vraiment à l'époque, et il a fallu plusieurs années à ses initiateurs pour être aussi convainquants que ce "Panorama". Un bon morceau qui récure bien par ou il passe.

Pour terminer, "Decree" nous propose du beat Indus/ electro assez froid et rythmé, avec déjà quelques gimmicks qui seront réutilisés plus tard, à outrance (Ex: Type d'utilisation des samples ou passages industriels plus brutaux...). C'est un morceau assez long, qui a un goût d'essai expérimental pas vraiment concluant, mais avec quelques bonnes idées, comme plusieurs autres titres du CD...

Je préfère cette période de LAIBACH aux albums suivants, dans lesquels le groupe s'était attaqué à des morceaux connus, presque populaires, afin de faire circuler son message à un plus grand publique, mais aussi de tourner ces dits morceaux en une sorte de ridicule.

"Nova akropola" est un bon album du LAIBACH des débuts, assez cohérent, avec plusieurs morceaux assez marquants.
Celui-ci est plus abordable qu'il ne pourrait en donner l'impression au premier abord: Les meilleurs moments ne sont pas forcément au début des morceaux, et se cachent parfois derrière une minute d'un beat linéaire et répétitif.
Comme pas mal de styles de musiques extrêmes, ou décalés, il faut faire un effort de compréhension, afin de pouvoir saisir, puis aimer, si la première impression n'est pas terrible.
Donc un album qui fut assez avant-gardiste, et qui a encore pas mal de chances pour plaire, 20 ans après, à ceux aimant les musiques froides, austères, militaristes et répétitives qui restent ouvertes à ceux voulant bien les approcher.

Juillet 2006