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LAIBACH "Nova
akropola" CD'86. CHEERY RED Recs.
Les
enregistrements ayant vu le jour dans les premières années de la
musique industrielle ne sont pas évidents à approcher quand on ne
les a pas connus à l'époque. La production et les samples ont
vieilli, alors que les musiques actuelles sont sujettes à des mois
de bidouillages ultra modernes en studio. Le style était alors
à ses débuts, les compositeurs passaient du temps à expérimenter,
et l’efficacité n'était pas une chose forcément très claire, il
y avait énormément de choses à explorer. Quoiqu'il en soit, l'approche
de ce troisième album de LAIBACH n'est pas si ardue, plusieurs schémas
et bribes d'idées restant assez proche de choses très utilisées
actuellement, il suffit de se préparer à une musique froide, assez
répétitive et de faire abstraction de la qualité des samples, de
la production générale sonnant assez plate, pour chercher à comprendre
la disposition des rythmes et samples, entendre l’âme des sons,
sans se laisser berner par une "croûte sonore" et nos
petits conditionnements musicaux. A cette époque, LAIBACH pratiquait
un mélange principalement basé sur la musique électronique froide,
avec de nombreux sons plus ou moins militaristes, copulant parfois
avec différents styles et ambiances assez inattendus. Avec le recul,
et vu nos critères "modernes", on n'a pas tellement l'impression
d'industriel bruitiste, cela manquerait de chaos, de rythmes mécaniques
pour nos oreilles habituées au cybernétique, mais l'esprit industriel
des débuts est bien là.
N'étant
pas très intéressé par les revendications et provocations politiques
du groupe, et n'ayant pas suivi toute leur évolution, je vais faire
un bref résumé de mes impressions sur chaque titre, afin d'éveiller
l’intérêt chez de potentiels intéressés.
L'album
commence avec le morceau "Vier personen", qui est répétitif,
à base d'un rythme froid et lent, avec un sample de piano assez
menaçant qui inquiété un peu... Mais ça n'est pas assez développé,
c'est peu intéressant finalement.
Le
deuxième titre "Nova akropola", beaucoup plus industriel
dans l'esprit, propose un rythme bien lourd et militariste donnant
une impression de lente marche post-apocalyptique, sur laquelle
viennent un chant parlé presque halluciné (Ou incantatoire) et des
sons d'instruments à vent assez inquiétants.
Le
3ème titre "Krvava Gruda - Plodna Zemlja" reprend le côté
militariste. L'ensemble est assez dépouillé, basé sur des samples
de cris et des vocaux parlés inquiétants. Ca semble assez désuet,
du fait du côté dépouillé, mais les samples deviennent assez prenant
une fois remis dans le contexte. Ces mecs devaient bien péter les
plombs avec leurs séquenceurs!
"Vojna
poema" est un morceau assez étrange, principalement une sorte
de vieux titre mélancolique au piano, avec du chant et quelques
rares samples... Le disque pourrait même craquer... On se croirait
il y a au moins 50 ans, en plein hiver glacial et neigeux, dans
la profonde misère d'une Russie dévastée.
L'interlude,
ou outro "Ti, ki, izzivas" propose 1 minute et 20 secondes
de cordes et de vents assez inquiétants (Assez proches de certains
films d'Hitchcock) enchaînants sur un rythme typiquement indus militaire.
Dommage qu'il n'ait pas été plus long!
"Die
liebe", à base de rythme plus électronique ferait presque office
de "hit" avec ses samples d'instruments à vent battis
en une sorte de riff de guitare (On dirait presque du métal indus!
lol). Les vocaux criés sont assez intenses. Il y a quelques passages
plus symphoniques. Certainement un des morceaux les plus accessibles
de l'album, car le plus calibré "Pop rock".
Le
morceau suivant, "Dr zava" ne m'a jamais parlé plus que
ça, quoique ça reste correct pour l'époque. Il contient de nombreux
samples de violons qui sautent (Comme un CD rayé) sur fond de rythme
typique indus/ electro.
Place
au plus lent et inquiétant "Vade retro". Plus froid, tel
un coeur mort battant lentement d'un son asphyxié, avec des vocaux
aspirés typiques d'un esprit revenant vous pourrir la vie. Il y
a quelques passages plus extrêmes, avec des accoups plutôt bruitistes.
Des vocaux qui disjonctent pourraient faire penser à SKINNY PUPPY. Le
morceau est parfois un peu aléatoire, mais ça marche. Peut-être
un des titres les plus durs du CD.
La
9ème morceau "Panorama" reprend sur un beat plus rythmé,
militariste, avec des bons violons motivant les troupes pour un
dur combat. On ne serait pas loin d'une sorte de version militariste
et symphonique de l'EBM... Mais l'Electronic body music n'existait
pas vraiment à l'époque, et il a fallu plusieurs années à ses initiateurs
pour être aussi convainquants que ce "Panorama". Un bon
morceau qui récure bien par ou il passe.
Pour
terminer, "Decree" nous propose du beat Indus/ electro
assez froid et rythmé, avec déjà quelques gimmicks qui seront réutilisés
plus tard, à outrance (Ex: Type d'utilisation des samples ou passages
industriels plus brutaux...). C'est un morceau assez long, qui a
un goût d'essai expérimental pas vraiment concluant, mais avec quelques
bonnes idées, comme plusieurs autres titres du CD...
Je
préfère cette période de LAIBACH aux albums suivants, dans lesquels
le groupe s'était attaqué à des morceaux connus, presque populaires,
afin de faire circuler son message à un plus grand publique, mais
aussi de tourner ces dits morceaux en une sorte de ridicule.
"Nova
akropola" est un bon album du LAIBACH des débuts, assez cohérent,
avec plusieurs morceaux assez marquants. Celui-ci est plus abordable
qu'il ne pourrait en donner l'impression au premier abord: Les meilleurs
moments ne sont pas forcément au début des morceaux, et se cachent
parfois derrière une minute d'un beat linéaire et répétitif. Comme
pas mal de styles de musiques extrêmes, ou décalés, il faut faire
un effort de compréhension, afin de pouvoir saisir, puis aimer,
si la première impression n'est pas terrible. Donc un album qui
fut assez avant-gardiste, et qui a encore pas mal de chances pour
plaire, 20 ans après, à ceux aimant les musiques froides, austères,
militaristes et répétitives qui restent ouvertes à ceux voulant
bien les approcher.
Juillet 2006
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