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LAIBACH\
Le
groupe Laibach en concert à ses débuts
LAIBACH "M.B.
December 21, 1984" CD. 1997. THE GREAY AREA Records.
Pour aborder
ce disque dans les meilleures conditions, il faut peut-être oublier
ce qu'on connaît des multiples facettes de LAIBACH: On plonge dans
leurs premières années, les plus embaumées d'urgence et peut-être
les plus militantes... On plonge dans trois enregistrements
concerts de 1984 et 1985 qui eurent alors des goûts d'illégalité
et d'interdiction, et qui montrent le groupe sous une de ses facettes
les plus brutes et primaires...
Désinscris la
folk, effaces l'indus metal, déprogrammes l'electro indus. Il y
a peu de sampling, de rythmes "dansants" ou de mélodies
accrocheuses. Musicalement on est plongé dans un industriel au sens
quasi originel du terme: Primaire, martial, tantôt expérimental,
tantôt bruitiste, sur lequel vient se greffer une clarinette improvisée
qui donne un côté plus fou et instantané à l'ensemble. Il se dégage
un chaos et une détresse frénétique assez impressionnants, le groupe
est ici moins froid et calculé que par la suite, c'est plus brut
agressif, la corrosion et la rouille acide deviennent des éléments
dominants... On pense à un régiment qui marche parfaitement en rythme,
à une usine complètement déglinguée qui continue de tourner malgré
tout, à d'imposantes machines industrielles qui broient du métal
et de l'humain...
Le livret remet
en place de façon assez détaillée le contexte de l'époque: L’utilisation
due nom LAIBACH était interdit en Slovénie et en toute la Yougoslavie,
le groupe étant considéré comme trop politiquement provocant et
utilisait illégalement la traduction allemande du nom de la capitale
slovène (Ljubljana… Imaginez les réactions des élus locaux de votre
ville, face à un groupe très provocant, proférant les pires insanités
et pires horreurs, qui porterait le nom de cette même ville… Le
résultat serait dans le même ordre, sauf qu’il y a 25 ans la liberté
d’expression était moins large et que l’Europe de l’Est c’était
vachement plus dur… Scandale sanglant et tentative de putsch dans
les sous-vêtements!!). Afin de détourner l'interdiction légale et
de pouvoir s'exprimer, le groupe décida de faire un concert de façon
anonyme, en placardant des affiches sur lesquelles ne figuraient
aucune indication autre que date, heure, lieu de l'événement ainsi
qu'un logo ambigu en forme de croix... Heureusement les personnes
concernées comprirent le message.
Ces enregistrements
sont peut-être à prendre comme des documents de par leurs côtés
assez dépouillés et "chaotiques", mais ils sont quand
même appréciables et dégagent beaucoup plus de noirceur, de mal
être et de rébellion que 95% de la scène underground actuelle...
Ce n'était peut-être pas seulement une question d'inspiration, mais
aussi de contexte social et politique cloisonnés, étriqués et suffoquants
poussant les individus dans des sommets de rébellion... Vouloir
reproduire ces sentiments profonds et pensées militantes dans un
autre contexte serait en quelques sortes vain... En tous les cas
les enregistrements "documentaires" restent présents,
et font toujours leur effet quand l'emmurement est trop fort.
Aout 2008
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