DARK
ORANGE
"Oleander" CD. 1991.
DWO/ HYPERIUM Records.
Indépendance.
L'indépendance
dans sa forme la plus pure pourrait être synonyme d'absence de tout
lien émotionnel avec la partie humaine de l'individu, bien trop
compromettante, de par son ressenti influençable, ses tendances
aux bassesses et mondanités, avides d'un orgueil aveuglant... Et
quoi de plus détaché de tout cet émotionnel corrompant que la merde?
Certains, dans une quête effrénée pour l'indépendance choisiront
la merde auditive et se plongeront dans des styles radicalement
amusicaux, tels le harsh noise ou le shit noise, tels des kamikazes
totalement suicidaires en quête d'un saint Graal (dont l'existence
reste à prouver), explorants tous les recoins et détails de compositions
volontairement chiantes et ennuyeuses... Mais ces créations sonores
conservant une forme d'esthétisme, et restant des productions humaines
contenant multiples liens émotionnels, l'indépendance ne pourrait
y être pure… Donc je vous propose de chercher plus bas, encore plus
bas, aussi bas que possible dans l'échelle des considérations sociales
et humaines... Oui, au plus profond de cette bonne vieille défécation!
Résidu humain des plus négligé, excroissance postérieure périodique
rapidement expulsée; dénuée de toute attache sociale valorisante,
de tout orgueil, de toute sensibilité, et remettant l'être respirant
à son niveau originel: Un vil défécateur!
Se vautrer dans son
contenu potentiellement salvateur ne serait-il pas une des formes
de rébellion et d'indépendance les plus inédites dans le contexte
actuel? Explorer un des amas de substances les plus négligées et
dévalorisants ne serait-il pas une des réactions d'indépendance
les plus désintéressées?
Cette
envolée philosophique visionnaire fut peut-être vaine, mais elle
permit du moins une introduction à ce groupe, qui n'a pourtant rien
de particulièrement extrême ou scatophile... Ca serait même le contraire...
Et
nous arrivons en fin de chronique, je m'aperçois que je n'ai par
parlé du principal: La musique! Alors je répare immédiatement cette
erreur, et je tente de rattraper l'espace perdu (Dans les zines
papiers les centimètres carrés sont chers... Mais j’oublie qu’on
est sur Internet! lol).
DARK ORANGE me rappelle assez les COCTEAU
TWINS pour le côté calme, esthétique et éthéré, alors qu'une certaine
précision du détail et un goût pour les ambiances softs ferait plus
penser à JAPAN. Les vocaux féminins sonnent bien, entre chant classique
et approche un peu plus envoûtante voir personnelle (Tendant vers
une sorte d'abstraction lassive… Elle semble réveuse)). Rien ne
gâche l'esthétisme initial du disque.
L'ensemble a une approche
plus rock pop et classique que les 2 groupes précédemment cités.
Par moments on est pas loin des CURE, voir des premiers U2 (Pour
le jeu de guitare assez 'ambiant' et amplis de reverb). Le style
de DARK ORANGE a été qualifié de « Ethereal new Wave/ Dream Pop
», ce qui me semble convenir.
Je regrette que les montées d'ambiances
reflétants une sorte de tristesse toute en pureté, néanmoins peinte
à partir d'une palette d'émotions positives, ne soient pas plus
présentes… Car dans ces moments DARK ORANGE a de quoi transporter
l'auditeur.
« Oleander » est un album qui tient la route et
qui est agréable à écouter, mais rien ne marque vraiment et j'aurais
préféré une approche un peu moins rock empruntant des détours plus
abstraits. Ici l'orange n'est ni agressif, ni synonyme de menace,
et le sombre reste apaisé.
Mai 2007