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INTERVIEW 1988. OUT OF NOWHERE Zine #2.

Quand vous saurez, en lisant cette interview, pourquoi HEAD OF DAVID s'appellent Head of David vous aurez saisi cette évidence, cette simplicité, cette force que possède ce véritable rockband. Nous vous avions déjà parlé de leur premier album "H,O,D.", cette saignée de rock souterrain, ce mur opaque et étouffant, cette masse sonore incontournable dans notre premier numéro. Nous avons voulu aller plus loin et interroger le seul groupe qui, en ce moment, arrive à toucher un des extrêmes rock, à savoir: la haine instinctive, le dépassement physique et la tuerie sociale. Le fait qu'ils aient signé chez Blast First est significatif: ce label est en effet spécialisé dans les groupes qui rejettent la "technologie" (wonderstudio & shazamsampler) au profit d'une approche directe et extrême des instruments: Labourage paroxystique des cordes surtendues, massacre des batteries, voix écrasées par le SON surpuissant (voire également Sonic youth, Big Stick, Butthole Surfers...).
A l'écoute de ce second album "Dustbowl" vous comprendrez le second aspect du groupe: la nécessité de continuer et de souffrir. Head of David est un groupe qui se fait mal, qui se mutile sur scène, s'asperge d'essence à chaque chanson et se consume toujours plus intensément. On retrouve le souffle des premiers Killing Joke, cette violence primaire poussée à l'extrême, cinglante et inévitable. Head of David: un groupe qui a des couilles et qui tue, un groupe aussi fou que les Stooges, un groupe comme on aurait voulu que soit Joy Division: aussi jusqu'auboutiste mais pas fabriqué. Ce deuxième album est imprégné d'une telle urgence que l'on ne peut que plier l'échine et se laisser dépecer, Head of David a décidé de continuer le bain de sang, de tout broyer sur son passage, c'est à peu près la réplique rock de "Massacre à la tronçonneuse" - sans l'aspect gore. La présence de Steve Albini à la production à augmenté l'impact de la guitare qui s'égare dangereusement vers des tentations hard-rock mais n'ayez crainte, ils sont toujours rongés par le cambouis et la tequila. Achetez ce disque, c'est un ordre! Vous ressentirez enfin la sensation d'avoir plongé votre tête dans du bitume brûlant et d'être heureux.

"L'un des pires incidents ne donna lieu à aucune plainte: ce fut une sorte de démonstration débonnaire de puissance de feu qui eut lieu un dimanche vers trois heures et demi du matin. Pour des raisons qui ne furent jamais élucidées, je fis exploser les fenêtre à l'arrière de mon appartement avec cinq bastos de mon fusil à pompe, calibre 12, qui furent suivies aussitôt par six chargeurs de mon 44 magnum. Ce fut une explosion continue de détonations hurlantes, de rires imbibés d'alcool et de verres pulvérisés. Pourtant les voisins réagirent avec un silence total. Pendant un moment je supposais qu'une poche de vent surnaturelle avait absorbé tout le son et l'avait rejeté jusqu'à la mer. Après m'être fait expulser, j'appris qu'il n'en était rien." Hunter S. Thompson. ("HELL'S ANGELS")
 

 

Présente-nous un peu le groupe.

H.O.D : Dave, basse; Reuben, chant; Eric, guitare; On cherche en ce moment un batteur... Nous existons depuis trois ans.

Pourquoi "Head of David"?

H.O.D : Tu connais la série des Monkees, et bien il y a un épisode où David, le chanteur, se fait arracher la tête par ses fans... ça a donc donné la tête de david (Jones).

Votre premier l.p véhiculait une imagerie et des fantasmes proches des HelIs Angels...

H.O.D : C'est Reuben qui écrit les paroles et les trucs comme çà, il aime les genre de film à la "Easy Rider", "Wild Augels", avec Jack Nicholson, Dennis Hopper. Il aime le coté "biker" de ces films, mais n'allez pas croire que nous sommes un "biker-band" !

Le dernier album laisse tomber un peu tout çà...

H.D.D : Le nouveau disque est aussi porté sur les déserts, les tatouages, et il y a toujours des chansons sur la moto, par exemple "Adrenicide". En fait nous avons mis un peu plus la guitare en avant, tandis que le précédent laissait une place importante à la basse, avec un gros son sourd, une batterie très présente. A l'époque nous aimions bien ce type de son, mais l'idée d'être trop rythmique ne nous branchait plus. Cet album est plus "rock", l'autre était plus "rythme".

Il parait que vous préféreriez faire la première partie d'un groupe du style AC/DC plutôt que, par exemple, les Sisters Of Mercy...

H.O.D: Oui, c'est un peu simpliste, mais c'est vrai qu'on se considère plus comme un groupe de "rock" qu'un groupe "noisy". Et puis c'est chiant de faire la première partie d'un groupe disco.

BIast First est un label de groupes pour la plupart américain, vous êtes le seul groupe anglais, à votre avis pourquoi y a t-il un tel foisonnement d'énergie aux U.S.?

H.O.D : Je ne sais pas pourquoi... Il n'y en a pas tant que çà aux Etats-Unis, on entend peut-être plus parler d'eux par ici... C'est normal qu'il y ait pas mal de groupes comme Big Black ou Sonic Youth, c'est un pays tellement grand ... il y a plus de chance que cela arrive, c'est tout.

Crois-tu que Blast First essaie de créer un "son" ou une mouvance "Blast-First"?

H.O.D : C'est vrai qu'il y a un son BIast First, si tu es dans un groupe tu te diras "hum... ça sonne comme du Blast FÏrst" mais Paul qui dirige le label a toujours dit qu'il ne voulait pas créer un son Blast First, il signe les groupes qu'il aime, c'est tout. Quand on regarde de plus près on se rend compte qu'il y a quand même une certaine diversité, nous n'avons pas grand chose à voir avec Big Black ou les Butthole Surfers, mais c'est vrai que dans l'ensemble il y a une certaine énergie qui nous caractérise,

Vous avez sorti un disque live bizarre "HOD ICA", complètement inaudible et pas du tout Head of David...

H,O.D : Ce disque se résume au fait que nous n'étions pas satisfaits du tout du contrat que nous avions avec EMI: ils avaient tous les droits sur l'enregistrement que nous devions faire ce soir là, et nous, nous devions toucher uniquement 500 livres. Nous avons donc décidé de ne pas jouer de chanson, juste d'aller sur scène et de faire du bruit dans l'espoir qu'ils ne puissent rien en tirer. It was just good fun, really... "A good night out".

Steve Albini (ex-Big Black) a produit ce nouvel album, comment cela s'est-il passé, qu'a t-il apporté au groupe?

H.O.D : Il est super pour travailler, il n'a rien fait que nous ne voulions pas, c'était vraiment une coopération. Sur le premier mix, il n'y avait pas assez de guitare, ça avait un son beaucoup plus soft. Il a agi et c'est devenu vraiment bien. Il s'y connait vraiment pour tout ce qui est niveaux, couches de sons, présence de la batterie; il mélange ces couches vraiment bien, c'est très fort.

Quelles réactions voudrais-tu que le public ait après un concert?

H.O.D : Tout d'abord, ce que l'on veut être c'est un bon groupe live, en ce moment nous ne sommes pas assez puissants sur scène... Lors de la tournée avec Nick Cave, à Londres en particulier, au "Town and Country Club" nous avons fait un très bon concert. Pour jouer en exploitant à fond le potentiel du groupe, il faut un bon son et ce n'est pas toujours possible, nous avons aussi eu des problèmes avec notre batteur. Il ne savait tout simplement pas assez bien jouer, le prochain sera peut être le bon... Pour les réactions du public, tout ce que nous voulons est que les gens passent un bon moment...

Vous avez un son très peu léché, assez brut, différent de ce qui se fait en Angleterre, est-ce volontaire?

H.O.D : Nous jouons et enregistrons naturellement ce qui sort de nous... Cela vient peut être aussi du fait que nous écoutons des choses très diverses, et que nous avons été influencés par plein de choses différentes, c'est ce qui fait notre force. La plupart des groupes anglais actuels sonnent comme la copie conforme d'un seul groupe... Moi par exemple j'aime le 70's punk: les Stranglers, et puis aussi les vieux trucs "métals" comme les Stooges, Black Sabbath, le MC5...

Que penses-tu du "Dirtdish" de Wiseblood, qui réglait pas mal de comptes avec la musique 70's?

 H.O.D : Il y a de très bons morceaux mais c'est un peu trop rythmique pour moi. .. j'aime la musique à base de guitares, plus dans le style "Band of Susans" avec qui nous allons sans doute tourner. ..

D'où viennent les paroles du premier I.p ?

H.O.D : Elles sont tirées des "bikers movies"... Les paroles de ce disque ont été utilisées en fonction du rythme, elles ne méritent pas des analyses très approfondies, c'est comme pour le second album, juste une collection d'images...

Pourquoi avoir repris "Rocket USA" de Suicide?

H.O.D : Quand il l'a joué, le son de guitare qu'Eric a produit nous a bien plu, c'est un bon morceau, et les deux réunis cela nous a donné envie de sortir le morceau...

C'est important pour toi H.O.D. ?

H.O.D : Nous ne pourrons jamais en vivre, alors... De toute manière nous n'aimons pas jouer trop souvent ensemble.