Chronique de CD: MORGOTH (Metal, rock, metal indus, allemagne)




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Après trois enregistrements de Death metal old school dans le style le plus pur, et un quatrième qui commençait à emprunter des chemins assez différents, MORGOTH terminent d'évoluer en se plongeant fortement dans le monde de KILLING JOKE.
Adieu le Death metal, il n'en reste aucune trace, bonjour un mélange plus frais entre rock, metal et influences rock industriel. Ce fut une réelle cure de jouvence, le groupe n'avait peut être jamais sonné aussi moderne et en accord avec son temps, tout en restant sincère et inspiré.
Ici, KILLING JOKE sont clairement une influence, on retrouve ces guitares aériennes, une partie des mimiques vocales, une partie des rythmes, un goût de l'étrange et pas mal d'autres éléments... En fait le groupe de Jaz Coleman aurait presque pu enregistrer ce disque, on n'en est pas loin, ça aurait même pu facilement être un projet parallèle...
Mais je ne fais pas ici de reproche, les Allemands ne sonnent alors pas comme un vulgaire calquage stérile (Il y a un peu trop de feeling pour ça).
Au niveau émotionnel on retrouve donc une certaine détresse, mais aussi une forme de cynisme (Les titres des morceaux sont assez parlants), de la mélancolie, des montées émotionnelles très fraîches faisant penser à une vague d'air frais (On n'est pas très loin de la new wave, mais en moins positif), une sorte de délivrance ou d'élan de liberté, des impressions internes bizarres (Ils devaient se poser des questions, GODFLESH n'est pas toujours très loin), un certain mordant dans les parties les plus rock et quelques ambiances un peu hantées...
Même si ça ne gueule plus et si l'ambiance est moins sombre qu'auparavant, l'intensité est présente mais d'une façon différente. Le style semble plus conscient et cynique quant à la réalité de l'être humain, de la société, alors que leur death metal d'antan était plus intérieur, abstrait, voir parfois de l'ordre du "fantasme".
Avec le recul je ne comprends pas vraiment pourquoi une bonne partie de ceux qui avaient aimé le CD précédent ("Odium") n'ont pas pu entrer dans celui-ci (Parfois au point de le renier) car les guitares amplies de détresses et de souffrance à la Killing Joke étaient déjà très présentes... C'est peut être du à la nouvelle approche plus rock, plus fraîche, alors que le précédent avait une ambiance plus toxique, saturée en sulfure et venait avec une production plus extrême...
Je dois ajouter que j'ai eu du mal à accrocher à "Feel sorry" à sa sortie, étant dans une phase très métal (Ou peut être simplement trop jeune); Quelques années plus tard j'ai mieux compris ou ils voulaient en venir pour carrément bien accrocher à certains titres qui soudainement me correspondaient... La vie et ses changements de perspectives :-)
Même s'il contient des morceaux excellents, qui font frissonner et voyager, "Feel sorry..." contient aussi des titres moins marquants, moins émotionnels. En tant assez critique je dirais que certaines parties de guitare me semblent un peu justes avec le recul... Mais heureusement chaque chanson contient son passage cool, un refrain ou une partie marquante ("Catchy" comme on dit en anglais), et les morceaux sont bien construits, donc aucun n'est spécialement à jeter.(L'album est peut être juste un peu long?). Si je devais donner une note, ça ne serait quand même pas dans les 95% car il n'est pas parfait, mais on peut consciemment imaginer quelque chose comme 70 ou 75%. Dommage que le groupe ait arrêté peu après, car il y avait ici le potentiel pour continuer d'évoluer plus loin et encore longtemps, en toute sincérité.